"Sacre de l'empereur Napoléon 1er et
couronnement de l'impératrice Joséphine dans la cathédrale Notre Dame de Paris,
le 2 décembre 1804"
Peinture historique de style néoclassique
huile sur toile de 6m10x9m70 (la seconde plus
grande toile du Louvre)
peinte de
1805 à 1807
Contexte historique:
Le jeune capitaine Napoléon Bonaparte devient un emblème lorsqu’à vingt-six
ans, il devient commandant en chef de l’armée intérieure. Bonaparte renforce sa
gloire après de nombreuses victoires militaires de Bonaparte. Chacune d’elles
sera célébrée par un tableau glorifiant soit son génie militaire, soit sa
présence au cœur de son armée. Autant que par celle des armes, c’est par la
puissance des images que le pouvoir s’établit.
Il prend le pouvoir de force en 1799, mettant fin au Directoire et le
faisant 1er Consul, puis Consul à vie. Mais Napoléon avait bien conscience que
ni ses réformes, ni ses victoires seules ne suffiraient à façonner un pouvoir
politique stable et reconnu. Il voulait un État fort sans opposition manifeste.
Au début de 1803, on avait vainement tenté d’obtenir de Louis XVIII une
renonciation à ses droits sur la couronne de France. Devant son refus, on
évoqua le mythe de l’empire carolingien, moins choquant que la monarchie pour
les partisans de la République. En 1804, un texte du Sénat forçant la loi (un
"senatus consulte"), et validé par un plébiscite (vote qui fut non
secret à cette occasion) proclame Bonaparte empereur des français sous le nom de Napoléon
1er. Le sacre qui allait rendre le
pouvoir héréditaire, à l'abris des soubresauts de l'Histoire, fut organisé à Notre dame en présence du pape
Pie VII. sur la façade de notre dame, on dressa un arc de triomphe reposant sur
4 colonnes dont 2 symbolisaient les dynasties mérovingienne et &
carolingienne et é autres les "bonnes villes de France". Les
Capétiens, dont les descendants sont les rois Bourbons, furent sciemment
oubliés...
David (18/19eme siècle: 1748-1825)
Peintre français néoclassique, engagé
politiquement (républicain)
Son tableau le plus célèbre: "La mort de
Marat"
Le néoclassicisme: en s'inspirant des règles
picturales des maîtres de l'antiquité gréco- romaine, les artistes tentent
d'atteindre la perfection, quitte à enjoliver la réalité pour accentuer le côté
grandiose des sujets représentés.
Une toile, témoin historique commanditée par
Napoléon:
fait partie d'une commande de 4 toiles, dont deux
seulement seront réalisées. Ces toiles, commanditées par Napoléon, ont pour but de montrer les fastes de l'Empire.
Le 2 décembre 1804, dans la cathédrale de notre
Dame de Paris, est sacré Napoléon empereur des français par le pape Pie VII.
La reproduction de la "pieta" de Coustou
à droite permet d'identifier la cathédrale de Notre Dame. Tout le reste de l'église,
réaménagé pour la cérémonie, ne permet pas de la reconnaître. Des décors de carton-plâtre et des tentures cachent colonnes
et voutes, des tribunes ont été montées, donnant à l'endroit un caractère théâtral.
L'ensemble rappelle les temples romains.
David peint une toile très détaillée, où beaucoup de
personnages présents sont reconnaissables (galerie de portraits). Au centre,
l'empereur couronne son épouse Joséphine de Beauharnais, le pape Pie VII est assis
derrière lui.
Les personnages s'organisent autour du couple royal:
A droite au 1er plan, la nouvelle noblesse de l'Empire avec
les grands dignitaires qui tiennent les attributs de l'Empire:
- Lebrun tient le sceptre surmonté de l'aigle impérial.
- Cambacéres tient la main de Justice.
- Berthier porte sur un coussin, l'orbe.
- Talleyrand , de profil, porte un manteau rouge.
Derrière l'impératrice, se trouvent à l'arrière plan, les généraux
avec le général Murat, beau-frère de Napoléon portant le coussin de la couronne.
La famille impériale est omniprésente dans le
tableau:
- A gauche, les 2 frères Bonaparte et les sœurs de l'empereur
- Dans les tribunes à l'arrière plan, la mère de Napoléon, pourtant absente ce jour.
Une toile politique, de propagande:
A la façon néoclassique, la réalité a été
magnifiée et transformée (présence de la mère de Napoléon ajoutée) pour servir l'idéologie de l'empereur et pour asseoir sa nouvelle dynastie. C'est une oeuvre politique.
La composition du tableau met en valeur la
suprématie du couple impérial: au centre, Napoléon est placé entre le monde religieux, situé
derrière lui et le monde laïc, situé devant lui.
Napoléon apparaît comme celui qui rallie et
contrôle la France: il est entouré par les représentants des différents pouvoirs et est positionné de manière à être le plus haut parmi eux.
Il est celui qui unifie et contrôle les différents
pouvoirs:
- Le pouvoir religieux est symbolisé par la croix située au centre de la toile et par le pape, assis et passif, sans mitre ni tiare. David illustre ici la suprématie de Napoléon sur l'église et le retour du catholicisme après la Révolution par le Concordat.
- Le pouvoir militaire est illustré par la présence des généraux et est symbolisé par les 3 épées: celle de Napoléon à sa ceinture, celle d'Eugène Beauharnais à l'extrême droite du tableau et celle de Charlemagne, élevée à gauche du tableau avec le bâton de maréchal, brandi dans le groupe des maréchaux également à gauche du tableau.
- Le pouvoir judiciaire est symbolisé par la main de Justice. Dans l'empire napoléonien, le Code Civil modernise et unifie le droit.
- Le pouvoir politique est symbolisé par le sceptre de commandement, surmonté d'un aigle. Nouvel emblème de l'Empire, accompagné par le motif des abeilles brodé notamment sur le manteau du sacre.
Le pouvoir impérial est symbolisé par différents
"régalia" royaux, qui font référence au règne des carolingiens avec
Charlemagne: En devenant empereur des français, Napoléon ne veut pas se placer
dans la lignée des rois Bourbons. Il veut être vu comme l'héritier direct de
l'antiquité ( référence à Cesar avec la couronne de laurier) et des rois carolingiens (référence à l'empereur Charlemagne).
- l'orbe (refait pour l'occasion), symbole de la puissance impériale.
- le sceptre de Charlemagne élevé sur la gauche du tableau, est coiffé d'une statuette de Charlemagne assis sur son trône.
- La couronne de Charlemagne (refaite pour l'occasion), cachée dans le groupe de gauche, avec l'épée de Charlemagne à l'extrémité gauche.
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