Avant toute analyse, voici un lien pour découvrir l'oeuvre en images! La vidéo ne dure que 30 minutes et vous dévoile tous les secrets de la toile. C'est TRES inréressant! Pour pouvoir lire la vidéo, vous devrez vous inscrire. Je vous conseille de le faire. Le site CED est tout à fait sûr et gratuit. (Ne mettez pas une fausse adresse mail car vous devrez confirmer votre inscription) Bonne séance en attendant l'analyse écrite!
La Liberté guidant le peuple.
28 juillet 1830
Huile sur toile de 2m60 X 3m25
Paris, Le Louvre
style: romantisme
genre: peinture d'Histoire
Un Contexte historique
Le tableau est peint le 28 juillet 1830, à Paris, durant l'évènement
historique des "Trois Glorieuses".
Les "3 Glorieuses" sont les 3 jours d'insurrection des 27, 28 et 29
juillet 1830. Cette révolte armée est une réaction du peuple aux 4 ordonnances
signées par Charles X le 25 juillet 1830 qui limitent les libertés: notamment,
sa 1ère ordonnance, qui suspend la liberté de la presse et sa 3ème ordonnance
qui réserve le droit de vote aux seuls riches propriétaires fonciers (souvent
les partisans du roi), retirant ainsi le droit de vote aux commerçants et aux
industriels. Il n'en faudra pas plus pour que l'émeute éclate. Les
journalistes, directement touchés par la 1ère ordonnance, préparent la
rébellion: depuis les bureaux du journal "Le National", ils rédigent une protestation dans laquelle ils
refusent de reconnaître la dissolution des chambres des députés et l'autorité
du gouvernement. Des attroupements se forment à la porte des bureaux et la
révolte éclate. Partout des barricades sont dressées, le peuple se révolte,
épaulé pour la 1ere fois par la haute
bourgeoisie de la finance et de l'industrie, qui se bat pour pouvoir garder son
influence politique. Bientôt Paris est aux mains des révolutionnaires. Charles
X perd son trône et s'exile en Angleterre. La République est enfin à portée de
main. Seulement, la haute bourgeoisie pense à son propre profit et préfère
juste changer de roi... la Presse fait campagne pour le duc d'Orléans...l'espoir
pour le peuple de proclamer la République est anéanti. Le duc d'Orléans devient
Louis-Philippe 1er et fonde la Monarchie
de Juillet, plus libérale, qui donne le pouvoir à la haute bourgeoisie
française. Elle durera jusqu'en 1848.
Durant cette période de conflit politique, le monde de l'art connaît lui
aussi des débats très animés entre les Néoclassiques (défendant la ligne pure
du dessin et la référence à l'Antiquité dans les sujets) et les Romantiques, voulant
avant tout exprimer avec sensibilité leurs sujets, par le choix de couleurs
vives et de formes mouvementées. Peu à peu les formes néoclassiques vont se soumettre à l'expression du
mouvement par la couleur.
DELACROIX, sa vie et son art

Le jeune Eugène part faire son apprentissage
chez le peintre Guerin, qui est un ancien élève de David et un peintre académique de
renom. Delacroix y fait la connaissance d’artistes talentueux tels que
Géricault (de 7 ans son aîné) et Gros.
Géricault influencera l'art de
Delacroix au début de sa carrière. Le jeune peintre lui emprunte ses forts contrastes
d’ombres et de lumières donnant du relief et du volume aux modèles. Il utilise
également certaines de ses couleurs : des vermillons, des bleus de Prusse, des
bruns, des blancs colorés... Delacroix
fréquente les Beaux-arts. Le jeune peintre passe beaucoup de son temps à copier
les maîtres qu'il admire au musée du Louvre: Velasquez, Rembrandt, Véronèse, Rubens,
dont le style riche et coloré influença beaucoup l'œuvre Delacroix .

En 1822, Delacroix âgé de 24 ans, expose pour la première fois au Salon une toile: Dante et Virgile aux enfers, qui sera plus ou
moins appréciée, mais qui sera achetée par l'Etat. C'est également l'année où il
commence à écrire son journal qu'il teindra durant deux ans. Il le reprendra
plus tard à
49 ans.



Il effectuera
un court séjour Angleterre qui lui permettra d'étudier le grand peintre
paysagiste Constable et de découvrir les
passions du théâtre anglais, qui le marquera énormément. Durant sa carrière, il
réalisera diverses lithographies illustrant des pièces tel que Faust de Goethe ou Hamlet de Shakespeare.
Ces lithographies Illustrent le rôle essentiel joué
par le théâtre dans la naissance du courant romantique dont Delacroix sera le
précurseur. Ces lithographies pourtant ne remportent quasiment aucun succès auprès du
public, et le journal L’Artiste alla même jusqu’à évoquer des « pages
désolantes » que l’artiste aurait mieux fait de garder dans ses cartons.
Certains critiques d’art précurseurs comme Paul de Saint-Victor dans La
Presse du 31 mai 1864 furent cependant enthousiasmés : « Relisez Hamlet
en le confrontant avec les lithographies d’Eugène Delacroix, le drame prendra
vie et souffle et s’illuminera de lueurs nouvelles. Il a revêtu de leur forme
propre les personnages flottants entre la vie et le rêve..."
![]() |
Faust, rencontre entre Faust et Marguerite Hamlet, la mort d'Ophélie |
En 1831, Delacroix a 33 ans et est nommé Chevalier de la
Légion d’honneur. Il expose au Salon onze œuvres. Parmi celles-ci, "La Liberté guidant le
peuple" que le roi Louis-Philippe Ier fait acheter pour le
musée Royal. Le tableau n'est pas sans rappeler sa " Grèce
expirant sur les ruines de Missolonghi", exposée 3 ans plus tôt à la galerie Lebrun.
![]() |
Grèce expirant sur les ruines de Missolonghi La Liberté guidant le peuple |
En
1832, Delacroix part pour le Maroc et l'Algérie. Il est invité à se joindre à la mission
diplomatique française envoyée auprès de l'empereur du Maroc. Il y commence
l'illustration de ses fameux carnets de croquis: une multitude d'esquisses,
d'aquarelles et de notes qu'il ramènera avec lui et qui viendront enrichir son
style artistique. Celui-ci s'en trouvera profondément modifié, plus exotique. Le peintre s'efforcera dorénavant de retranscrire les sensations intenses ressenties
là-bas, en portant un intérêt particulier à la magnificence de la luminosité et
la richesse des couleurs de l'Orient.


En 1842, il subit une 1ere crise de
laryngite. Ce sera le début d'une très
longue maladie. Il reprend son journal en 1847 qu'il continuera jusqu'à
sa mort. Ses écrits livrent surtout des réflexions sur l'art et sur ses
lectures. Il va en Belgique plusieurs fois pour étudier Rubens: sa peinture
baroque l'attire. Rubens traite
ses volumes en masses colorées, à grands coups de brosse, dans une
composition enlevée. Delacroix
est inspiré par le dynamisme de ses compositions et la richesse de sa palette.

En 1846, il est promu officier de la légion
d'honneur et un an plus tard, s'ajoute à sa vie d'artiste, une vie plus politique:
il devient et ce pour 10 ans, conseiller municipal de Paris.
En 1855, il prépare la 1ere Exposition Universelle et on lui demande de regrouper 36 de ses oeuvres pour une rétrospécive aux côtés du peintre Ingres. Il réalise pour l'occasion: "La chasse aux lions", qui sera un triomphe. On peut remarquer les similitudes entre la toile de Delacroix et celle peinte par Rubens: même composition énergique et chargée et utilisation de couleurs vives. Cette même année, Delacroix est nommé Commandeur de la Légion d'honneur.
2 ans plus tard, il est enfin élu à l'Institut, après 7 tentatives et 20 ans d'attente. Sa santé hélas s'altère; il enchaîne les cures thérapeutiques et de repos qui l'empêchent de travailler comme il le souhaite. Le peintre se retire peu à peu de la vie publique. Durant la dernière décennie de sa vie il ne participe qu'à un seul Salon, où ses oeuvres seront critiquées car considérées comme non abouties. A la suite de sa longue maladie, Delacroix s'éteint en 1863.
Tout au long de sa carrière, ses œuvres suscitent souvent de violentes
polémiques: sévèrement critiquées, parfois refusées au Salon mais aussi quelques fois acclamées. De façon générale elles sont acquises par l'Etat, qui durant toute
sa vie, continue de lui passer commande et lui rend les honneurs officiels.
Au cours de sa carrière, ses peintures
s'éloignent rapidement du classicisme, trop rigide et trop distant à son goût.
Delacroix cherche à exprimer au-delà des apparences réelles, la passion
humaine.
Il écrivait : " L’homme porte dans son âme des
sentiments innés qui ne seront jamais satisfaits par les objets réels, et c’est
à de tels sentiments que l’imagination du poète et du peintre donnera forme et
vie."
Lorsqu’il meurt, le 13 août 1863, le milieu académique lui
demeure encore hostile, critiquant ses compositions extravagantes et l'audace
de ses couleurs, mais les jeunes peintres reconnaissent en lui le vrai maître
de son temps, précurseur du mouvement romantique. Dans de nombreux pays d'Europe, écrivains,
musiciens et peintres romantiques vont exprimer leurs émotions et leurs
sentiments personnels. Ils s'engagent aux côtés des peuples opprimés et
n'hésitent pas à affronter le pouvoir.
Un mot sur le Romantisme: 
Présentation de la toile:
" J'ai entrepris un
sujet moderne, une barricade, et si je n'ai pas vaincu pour la patrie, au moins
peindrai-je pour elle. Cela m'a remis de belle humeur" ( lettre du 28
octobre à son frère).
La scène illustre la seconde journée des "3 Glorieuses", le 28
juillet, jour durant lequel le drapeau tricolore sera hissé au sommet des tours
de Notre Dame de Paris et sur l'Hôtel de Ville conquis par les insurgés.
Le tableau place la scène sur une des barricades typiques de cette journée
révolutionnaire. Une jeune femme, brandissant le drapeau tricolore mène le
peuple qui l'entoure vers la Liberté. A ses pieds gît un amoncellement de cadavres,
les victimes de l'insurrection.
Cette toile fut exposée au Salon de 1831. Elle fut achetée par l'état pour
le musée du Luxembourg. Jugée trop audacieuse par certains, elle resta cachée
aux yeux du public pendant plusieurs années. Elle entra au Louvre en 1874.
Construction du tableau:
Le tableau est organisé selon une structure pyramidale, dont la base est formée par l'alignement des cadavres. Le drapeau est le sommet de cette pyramide.
Construction du tableau:
Le tableau est organisé selon une structure pyramidale, dont la base est formée par l'alignement des cadavres. Le drapeau est le sommet de cette pyramide.
L'oeuvre est construite selon la règle des "3 tiers": la toile est découpée en 3 parties égales horizontalement et verticalement. Cette construction permet de guider le regard du spectateur et de mettre en relief certaines parties de la toile.

La scène est représentée
en "contre-plongée":
Cet axe de représentation
accentue l'effet de la pyramide. En effet, une contre-plongée positionne le
point de vue du spectateur en dessous de la scène représentée et le fait regarder
vers le haut, ce qui entraîne une accentuation voir une déformation de la
perspective.
Dans le tableau, le spectateur est en
position inférieure par rapport à la scène qui se joue devant lui. Cet angle de
vue a également pour effet de renforcer
le caractère dynamique et héroïque des personnages, qui paraissent ainsi plus proches du spectateur et plus
impressionnants.
La lumière vient de la gauche du tableau. Cette lumière transversale permet
de dessiner énergiquement et durement les formes par de forts contrastes
ombre/lumière.
Au centre, la femme est la zone la plus éclairée du tableau avec la couleur jaune
de sa robe et la lumière latérale. Les
modelés de son corps, notamment sa poitrine et les plis de son habit semblent
réfléchir cette lumière, qui vient se refléter dans la chemise blanche du
gisant en bas à gauche. Derrière elle, des nuages illuminés par un probable
soleil couchant, créé un halo, une "auréole céleste" autour de son
profil et du drapeau qu'elle brandit.
En bas du tableau, les couleurs sont beaucoup plus sombres, en accord avec
le thème morbide.
Dans l'ensemble du tableau, la palette de couleurs utilisées est homogène: un camaïeu (une seule couleur utilisées dans différentes tonalités plus ou moins claires) de bruns et de beige où seuls les
couleurs plus franches bleu/blanc/rouge
apparaissent à maintes reprises dans la toile, comme un leitmotiv : drapeau, foulard et ceinture de
l'homme au sabre à gauche, vêtement tricolore de l'homme agenouillé, costume du
gisant à droite, le ciel, bleu et blanc avec une touche de rouge dans le
blanc...
Les personnages du tableau:
3 niveaux superposés sont visibles dans cette toile:
Delacroix réunit sur sa toile différents personnages hommes, femme et enfants issus de différentes catégories sociales. Ils sont positionnés en différents plans:
- Le 1er niveau, en bas de la toile, est celui des morts.
- Le 2nd niveau est celui des combattants et des blessées, il est le lien entre la vie et la mort
- Le 3ème niveau, en haut du tableau, est celui de la vie et de la Liberté.
Delacroix réunit sur sa toile différents personnages hommes, femme et enfants issus de différentes catégories sociales. Ils sont positionnés en différents plans:
Le 1er plan présente un amoncellement de corps de victimes et de blessés. A
gauche, le corps dépouillé de son pantalon, les bras étendus et la tunique
retroussée, rappelle par sa posture un sujet antique et académique: Hector,
héros d'Homère. On peut également deviner dans l'exécution de ce personnage l'influence
du peintre Géricault, que Delacroix a rencontré plus tôt, lors de sa formation
dans l'atelier Guérin. Nous retrouvons en effet ce "même" cadavre en
chemise retroussée dans "le radeau de la Méduse" peint en 1819 par Géricault
et dans lequel Delacroix posa.
A droite de la toile, on identifie deux
soldats de Charles X: un officier de la gendarmerie royale reconnaissable à sa
longue veste bleue aux épaulettes blanches
et un carabinier de la garde royale reconnaissable à sa cuirasse , à sa
veste bleu foncé et à son shako (chapeau haut de forme).


Figure centrale du tableau, elle est représentée "en pied" (en
entier, de la tête aux pieds) au centre de la toile et éclairée de toute part. Son
corps drapé et en partie dénudé ainsi que son profil grec rappellent les
divinités de l'Antiquité. En la représentant Armée d'une baïonnette modèle 1816
et le bras levé laissant voir la pilosité de son aisselle, Delacroix rend son
allégorie bien réelle: il la représente en simple fille du peuple ancrée dans
l'actualité de la révolte des 3 glorieuses. Avant le tableau de Delacroix,
l'allégorie de la Liberté luttant contre ses ennemis était attribuée au tableau d'Antoine-Jean
Gros "Bonaparte au pont d'Arcole", 1796.
A sa gauche, un gamin, un pistolet dans chaque main et coiffé de la faluche
(béret en velours noir des étudiants de Paris), porte en bandoulière la giberne d'un soldat
de Charles X. Il avance de face, le pied droit en avant, la bouche ouverte,
criant à l'assaut. C'est le futur
"Gavroche" de Victor Hugo décrit dans "Les Misérables" une
trentaine d'année plus tard.
Aux pieds de la Liberté, un homme à
terre se redresse. il a un ruban rouge noué sur la tête. Sa chemise bleue
évoque son statut d'ouvrier temporaire. L'ensemble de ses vêtements porte les
couleurs du drapeau (chemise bleue, sous-chemise blanche, ceinture et foulard
rouge). Rappelons que la Monarchie de Juillet marque le retour du drapeau
tricolore mis en place en 1789 et disparu durant la Restauration au profit du
drapeau blanc.
Au 3eme plan, se trouvent les insurgés,
brandissant leurs armes en plein assaut; ouvrier, artisan, bourgeois, gamin des rues représentent les
différentes classes sociales du peuple se battant aux côtés de la Liberté.
L'homme au chapeau haut de forme et à la ceinture rouge est surement un
bourgeois (peut-être un autoportrait de Delacroix??), il est armé d'un fusil de
chasse.
Juste derrière lui se tient un ouvrier, sûrement un forgeron ou
lamineur, reconnaissable à son pantalon à pont (pantalon à double ouverture à
boutons sur le devant) et à son tablier. Il tient un sabre de l'infanterie napoléonienne
nommé "briquet". Il est coiffé d'un béret et porte à sa ceinture un
pistolet et un foulard rouge et bleu, rayé de blanc, rappel du drapeau
tricolore.

A
l'arrière plan, sur la gauche, on aperçoit un étudiant de polytechnique
reconnaissable à son bicorne bonapartiste et à l'extrême droite, au bas des
immeubles, on devine un détachement de grenadiers.

L'arrière plan permet de situer l'évènement à Paris, grâce à la représentation des tours de Notre Dame en haut desquelles flotte le drapeau tricolore.
Analyse
Achevé en décembre, le tableau est
exposé au Salon de mai 1831. Il semble né d’un seul élan.
Le tableau représente l’assaut final. La foule converge vers le spectateur, dans un nuage de poussière, brandissant des armes. Elle franchit les barricades et éclate dans le camp adverse. A sa tête, quatre personnages debout, au centre une femme. Déesse mythique, elle les mène à la Liberté. A leurs pieds gisent des soldats. Delacroix écrit à Charles Verninac son neveu :
Le tableau représente l’assaut final. La foule converge vers le spectateur, dans un nuage de poussière, brandissant des armes. Elle franchit les barricades et éclate dans le camp adverse. A sa tête, quatre personnages debout, au centre une femme. Déesse mythique, elle les mène à la Liberté. A leurs pieds gisent des soldats. Delacroix écrit à Charles Verninac son neveu :
" Trois jours au milieu de la
mitraille et les coups de fusil ; car on se battait partout. Le simple
promeneur comme moi avait la chance d'attraper une balle ni plus ni moins que
les héros improvisés qui marchaient à l'ennemi avec des morceaux de fer, emmanchés
dans des manches à balai ".
Une peinture d'Histoire:
Ce tableau est un témoin historique et politique des Trois Glorieuses. Les journées du soulèvement populaire contre
Charles X, les 27, 28 et 29 juillet 1830, ont également inspiré à l'époque d'autres
œuvres témoins de cet épisode historique, notamment celles peintes par Hippolyte Lecomte, Horace Vernet ou Jean-Victor Schnetz:
Delacroix témoigne du dernier sursaut de l'Ancien Régime, en combinant détails
réalistes et symboles, actualité et fiction, réalité et allégorie.
Le peintre est apprécié par Charles X, qui lui a acheté "les massacres de Scio", et il est ami avec la duchesse de Berry et la famille
Orléans. Pourtant, Delacroix prend ici parti pour le peuple qui se soulève pour
obtenir sa liberté et son indépendance. Même s'il n'a pas participé aux
combats, le peintre a été ému par le sacrifice des hommes et des femmes lors
des Trois Glorieuses. Passionné de liberté, Delacroix exprime avec saisissement
et sentiment la gloire du peuple citoyen "noble, beau et grand".
Au sujet de son œuvre, le peintre a écrit:
"Si je n'ai pas vaincu pour la
patrie, au moins peindrai-je pour elle."
Devançant "Guernica" de Picasso, "la Liberté guidant le
peuple" est une œuvre historique et révolutionnaire issue du genre majeur
de la peinture du 18ème siècle, celui de la peinture d'Histoire.
Le peintre Géricault est le 1er à proposer une peinture romantique et il
est intéressant d'étudier l'influence qu'il a eu dans la réalisation de cette
toile de Delacroix.




Une œuvre romantique:
Ce tableau représente la Liberté comme une valeur à conquérir par le
peuple, les armes à la main, en sacrifiant sa vie s'il le faut. C'est un sujet
dramatique digne du théâtre Shakespearien, illustrant l'un des slogans
révolutionnaires de l'époque: La liberté ou la mort.
La femme représente le combat du peuple pour la liberté, c'est une
allégorie (une idée représentée par une personne) de la liberté. En faisant
"descendre dans la rue" son allégorie, Delacroix bouleverse la façon
de représenter le sens de l'Histoire. En l'ancrant dans la dure réalité de la
bataille, il rend son symbole vivant et proche du spectateur. Sa fusion inédite
du réel et de l'idéal, propose une vision nouvelle et émouvante de l'Histoire.
C'est la caractéristique du courant romantique. Tout comme Shakespeare ou
Goethe dans leurs œuvres, Delacroix veut faire ressentir des émotions fortes ,
plus proche de la vraie vie. On retrouve d'ailleurs des éléments communs à la tragédie
classique: le sang, les épées, la nudité antique mélangés à des détails ordinaires
de l'époque tels qu'un fusil de chasse, un bas retroussé, un tablier. Les
brigands y côtoient des héros, le peuple y côtoie une divinité dans une
contradiction voulue. Les genres se mélangent entre comédie et tragédie. En
France, Victor Hugo est le théoricien de ce genre nouveau genre de théâtre
qu'est le théâtre romantique. Delacroix, tout comme l'écrivain, s'exprime avec
une grande liberté, au risque de choquer les classiques.
![]() |
Géricault |
Géricault reste le 1er à proposer un chef d'œuvre du romantisme avec "le Radeau de la Méduse". Exposé en 1819, ce tableau est un choc esthétique chez Delacroix âgé alors de 20 ans à
peine.
Géricault y relate une drame
contemporain à forte connotation politique : il représente les quelques
survivants du vaisseau qui a fait naufrage en 1816 en raison de l'incompétence
du gouvernement royal.
Voyons comment 11 ans plus tard, Delacroix rend
hommage à ce chef-d'œuvre par des citations claires dans son tableau de
"La liberté guidant le peuple":
Le cadavre allongé à droite, le
corps nu en chemise, le bas et la chaussette en accordéon, le torse coupé. La
correspondance entre les deux toiles va plus loin: même source d'éclairage latérale et même contraste fort ombre/lumière.
Même composition en triangle avec à sa base l'amoncellement de cadavres et à
son sommet un drapeau flottant. A l'horizon des deux tableaux est représenté l'espoir
d'être sauvé: le bateau qui va sauver les naufragés est remplacé dans "la
Liberté guidant le peuple" par l'espoir qui vient du drapeau tricolore
flottant en haut des tours de Notre Dame.

Quelques différences essentielles
entre les deux œuvres sont pourtant à notifier. Delacroix va plus loin que
Géricault dans sa démarche "romantique", dans sa volonté de toucher
le spectateur. La représentation du "radeau
de la Méduse", même si elle est dramatique, permet au spectateur de rester
en retrait face à cette tragédie:
Les personnages sont dos au
spectateur, le regard de celui-ci, légèrement placé en hauteur, domine la
scène. On avait constaté que c'était l'inverse dans la toile de Delacroix, représentée
légèrement en contre-plongée. La palette de Géricault oscille entre le gris et le
brun, plus proche des teintes des statues antiques que de la réalité. En effet,
aucune trace de sang n'apparaît malgré
le drame qui s'et joué. Remarquons enfin qu'aucun détail ne permet de situer la
scène dans le temps: ni les habits ou coupes de cheveux, ni des objets. C'est
une œuvre intemporelle et seul son titre permet de savoir de quel évènement il s'agit.
Géricault présente ainsi au spectateur un sujet poignant mais non actuel et pas
choquant, lui permettant de rester détacher. Dans le tableau de Delacroix, nous
avons vu que la plupart des objets permettaient de situer la scène de façon
très précise aussi bien de façon temporelle (habits, fusils...) que spatiale
(les tours de Notre Dame). Seul le titre, en exposant l'idée de l'allégorie de
la Liberté, rend le tableau intemporel. Contrairement
à Géricault, Delacroix a obligé le spectateur à faire face à ses personnages et
à leurs blessures. Il les a rendu à
témoin d'un évènement tragique qui les a littéralement submergé par sa violence
et sa véracité. C'est par cette émotion générale et complète qu'elle suscite
chez le spectateur que son œuvre acquiert son statut de toile universelle et
intemporelle.
Une œuvre symbole de la République:
L'allégorie de la Liberté, coiffée du bonnet phrygien, adopté par les sans-culottes
de la révolution de 1789 et brandissant le drapeau tricolore (interdit depuis l'exil
de Napoléon en 1815) symbole de cette même Révolution, est devenue la Marianne
française emblême de la République. L'épisode des Trois Glorieuses n'est pas le
plus connu du peuple français et sera on
le sait, un échec puisque suivi par la Monarchie de Juillet avec Louis-Philippe
1er. Ceci dit cet épisode de révolte contribua à l'ascension du peuple français
vers plus de libertés. Louis-Philippe gardera d'ailleurs le drapeau
tricolore, symbole d'une répartition équitable du pouvoir entre la Nation (les
couleurs de la ville de Paris étaient le rouge et le bleu) et le roi (le blanc).
Au fil du temps, l'œuvre de Delacroix est devenu un symbole républicain et
son effigie féminine l'icône de la République. Le symbole s'est banalisée au
point de figurer à partir de 1978 sur nos anciens billets de 100 francs et ce
jusqu'en 1995. Les timbres d'usage courant transformèrent le profil de la
Liberté en celui de Marianne à partir de 1982.

Le fort caractère politique de cette
oeuvre a suscité et suscite encore à travers le monde de nombreuses et
nouvelles appropriations. Nous pouvons ainsi retenir le fameux photomontage de l'antinazi
John Heartfield, rassemblant la Liberté aux combattants républicains de Madrid
en 1936 sous le nom de "La Liberté
elle-même combat dans leurs rangs".

A la fin de la 2nde guerre mondiale, le discours du général de Gaulle fut
illustré par "la Liberté guidant le peuple". En mai 1968, le tableau influença
l'œil des photographes qui suivirent la révolte des étudiants dans les rues de
Paris.
Le président Mitterrand l'utilisa dans un clip de sa campagne
présidentielle en 1981. La fête de l'humanité illustrera ses affiches de 2009
avec une nouvelle Liberté actualisée. Très récemment, la Une du journal
"The Economist" utilisa la peinture de Delacroix pour illustrer son dossier
consacré aux riches assiégés (les ouvriers qui prennent en otages leurs patrons
français)...etc

De façon plus anecdotique, son caractère "dénudé" a, quant à lui,
suscité quelques scandales: En 1999, pour son exposition au Japon, les seins de
l'allégorie furent masqués lors d'une escale.Les billets de 100 francs circulant en Iraneurent les seins de la liberté couverts. En 2006, le
gouvernement turc demanda le retrait de la reproduction de l'allégorie dans un
manuel scolaire. La même année l'état du Maine aux Etats-Unis trouva que ce
tableau, choisi pour illustrer une étiquette de bière, était indécent est
interdit son utilisation dans les publicités.
Le tableau est devenu la bannière de moult combats, revendications ou
causes. Plus que la liberté, il incarne l'idéal révolutionnaire.
à noter: Le 7 février 2013, La liberté guidant le peuple a été vandalisée au Louvre Lens
peu avant la fermeture du musée. Une
jeune femme a tracé au marqueur l’inscription «AE911» sur la
partie basse du chef-d’œuvre. Ce
«AE911» fait référence à «Architect and Engeneer for the 9/11», un groupe
tenant de la théorie du complot autour des attentats du 11 septembre 2001, et
qui milite pour l’ouverture d’une «enquête indépendante».
Vraiment bien, explique tout en détail bravo au créateur du site
RépondreSupprimerSuper pour l'HDA, info a ne plus savoir qu'en faire.
RépondreSupprimerSuper pour l'HDA qui me sert de base mais c'eest juste pour l'interprétation quelqu'un peut m'aider
RépondreSupprimerIntéressant, bon commentaires!
RépondreSupprimerTrès bon site où l'on peut avoir confiance ! Merci au créateur ! :D
RépondreSupprimermerci pour ce commentaire détaillé, très utile pour mes travaux d'hda !
RépondreSupprimermerci d'avoir crée cette page car c'est très utile pour l'HDA
RépondreSupprimermerci d'avoir crée cette page car c'est très utile pour l'HDA
RépondreSupprimerSuperbe travail de la part de l'auteur !
RépondreSupprimerCela va m’être très utile comme base pour l'HDA !
merci beaucoup cela m aide beaucoup pour l HDA
RépondreSupprimercependant j ai remarqué une faute à la biographie de l'auteur vous avez écrit:
Le jeune peintre passe beaucoup de son temps à copier les maîtres qu'il admire aux musée du Louvre
soit aux musées soit au musée je pense que la deuxième version est meilleure
Très bon site cela m'aide beaucoup pour l'HDA.
RépondreSupprimerJ'ai juste une petite question a posé.
Très bon site cela m'aide beaucoup pour l'HDA.
RépondreSupprimerJ'ai juste une petite question a posé.
savez ce qu'on peux prendre comme liens si j'ai pris ce sujet ??
RépondreSupprimerpour la construction du tableau, Géricault et le radeau de la Méduse est Le lien. Delacroix s'en inspire énormément (création du hors champs avec les personnages coupés au 1er plan). la rue du Montorgueil de Monet peint en 1878, utilise la couleur des drapeaux pour rythmer le tableau.
RépondreSupprimerce tableau est devenu l’emblème de la République (cf timbre, billets...), le lien peut être fait avec la volonté d'un peuple de s'unir pour défendre certaines valeurs... on peut faire un parallélisme avec les événements récents de l'actualité, qui ont donné de nouvelles versions du fameux tableau.
http://20000lieuessurlenet.over-blog.com/2015/04/la-liberte-guidant-le-peuple.html
un peu abusé mais sinon très complet bravo a tous les créateur du site !!!!
RépondreSupprimerComment peut-on savoir ce qu'a voulu dire l'artiste à travers l'oeuvre?
RépondreSupprimerMerci beaucoup, j'ai beaucoup appris
RépondreSupprimer